«
Veston de bleu de travail grand ouvert, le plus possible, sur le
maillot à côtes un peu taché. Habillé en homme qui n'a jamais
froid. Corps qui a capturé le feu de toutes les forges : de la
sienne, artisanale et de campagne, à celles, titanesques, de Renault
à Billancourt. Un homme réfractaire, comme on dit des matériaux
qui gardent la chaleur. Le pantalon consolidé par des pièces d'un
ton de bleu que, même en noir et blanc, on devine moins passé... »
Martine Sonnet, Atelier 62
Les
chapitres intimes alternent rigoureusement avec d'autres, très
documentés et brossés d'une plume sèche, qui retracent l'histoire
des forges de Billancourt, au cours des années où Amand Sonnet y
travailla. Ainsi, d'un bout à l'autre d'Atelier
62, le
portrait d'Amand Sonnet s'inscrit-il dans un tableau plus vaste :
l'histoire collective des centaines d'ouvriers qui, comme lui,
travaillèrent sur le site, et luttèrent pour d'hypothétiques
améliorations de leurs conditions. Comme par un effet d'optique,
directement produit par la construction du livre, Martine Sonnet
parvient à élargir encore davantage le cadre, pour donner à voir,
en réalité, l'histoire contemporaine de la France, de l'immédiat
après-guerre aux années 70, telle que la raconte la vie des gens
ordinaires. C'est tout ensemble instructif, poignant, et plein de
noblesse.
Nathalie Crom, Télérama n°3031
*
Lors de la dernière séance au Conseil général, j'ai eu envie de présenter le travail de Martine Sonnet, en particulier les chapitres 8 et VIII de son premier livre, Atelier 62, paru en 2008 aux éditions Le Temps qu'il fait et qui trace un portrait de son père en croisant, comme le précise son éditeur, mémoire collective et souvenirs familiaux dans un hommage à toute une génération d'ouvriers.
Egalement historienne, Martine Sonnet a réalisé à propos de son livre un dossier très complet, que je vous invite à consulter ici : outre des coupures de presse, on y trouve de nombreux liens et quelques uns des documents (photographies, publicités...) qui lui ont servi lors de l'élaboration de l'ouvrage ; documents qu'elle insère parfois directement dans le texte.
(ci-dessus, un extrait de documentaire consacré aux deux rues avoisinant l'usine de Billancourt)
Les chapitres 8 et VIII sont consacrés aux vêtements : ceux que sa mère, couturière, bâtit ; ceux de son père, forgeron, tenue de travail qu'elle évoque en citant des articles de L'Echo des métallos et des petites annonces publicitaires pour les magasins spécialisés.
Après en avoir lu des extraits, j'ai proposé aux participants de l'atelier de réfléchir à ce qu'ils pourraient utiliser pour tracer à leur tour le portrait d'un proche en évoquant sa tenue. Quelqu'un qui, comme Amand Sonnet, doit ou devait s'habiller d'une certaine façon pour des raisons précises (sécurité, hygiène, marquer son appartenance à un corps, être immédiatement identifiable, etc).
J'ai également cité le nouveau texte que Martine Sonnet vient de faire paraître chez publie.net, Couturière, fiction que l'on pourrait rapprocher du chapitre 8 d'Atelier 62 et dont on peut trouver le début sur le blog de Brigitte Célérier.
J'ai également cité le nouveau texte que Martine Sonnet vient de faire paraître chez publie.net, Couturière, fiction que l'on pourrait rapprocher du chapitre 8 d'Atelier 62 et dont on peut trouver le début sur le blog de Brigitte Célérier.
Savez-vous pourquoi on a choisi bleu pour le veston ? J'aimerais connaître l'histoire. Je me demande si La Plaza de l'Uniforme la connaît.
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