ateliers d'écriture sur le thème de la tenue de travail, menés à Saint-Brieuc en septembre et octobre 2012
(les glaneuses détournées sont de Banksy)

vendredi 28 septembre 2012

Plongée, 2e épisode

des rêves baroques, on n'en fait pas 

Celle-là qui est moi et qui anime les ateliers n'est pas toujours interchangeable avec celle qui voudrait se remettre à écrire à partir de Daguerréotypes, le documentaire d'Agnès Varda.
Pourtant, sans le savoir peut-être, quelque chose lie les séances d'écriture du lundi et du mardi à ce projet en cours. 
Et d'une certaine façon, les commerçants de la rue Daguerre, filmés par la cinéaste en 1975, ont participé au dernier exercice, Celui-là/celle-là qui est moi. Regardez plutôt : 



jeudi 27 septembre 2012

Peaux à vendre, un texte de Olivier Couqueberg















Pourquoi se dénude-t-on ?

Je découvre aujourd'hui sur le blog de soutien aux Chaffoteaux-et-Maury dont je reparlerai sans doute la semaine prochaine, Peaux à vendre, fort texte d'Olivier Couqueberg, que je vous invite à lire. 

La photographie est de François Daniel, qui a suivi en 2009 les ouvriers de cette usine de Ploufragan, en lutte contre sa fermeture.

Celui-là / celle-là qui est moi...



















photographie de Ch. Grossi

Lors du deuxième atelier au Conseil général, j'ai proposé aux participants d'écouter la lecture audio d'un texte de Christophe Grossi, écrit dans le cadre des vases communicants (voir ci-dessous). Il s'agit de Peaux retournées que l'on peut lire ou écouter à nouveau en cliquant sur le lien-titre.

Ecrivain, libraire travaillant dans le domaine du numérique et ancien représentant dans l'édition, Christophe Grossi a récemment publié un livre qui évoque, sous forme de road movie, ce dernier métier. Il s'intitule Va t'en, va t'en, c'est mieux pour tout le monde et existe en version numérique aux éditions publie.net ou papier aux éditions publie papier. C'est un ouvrage structuré par "virées" dont la première commence précisément ainsi :



"Je n'ai pas le costume et ne suis pas rasé de près. Je ne transporte pas non plus de mallette ad hoc (préférant garder sur moi cette bonne et fidèle besace que je soulage parfois grâce à un sac Promod qui était accroché à la porte d'entrée) mais, le temps de charger le coffre de cette caisse quasi neuve, me voici devenu représentant, VRP, commercial pour l'éditeur au ciel bleu et aux nuages blancs : je m'en vais vendre du ciel de ville en ville, de librairie en librairie, du ciel et des mots : le théâtre de la vie - son décor et tout ce qu'il faut pour l'habiter."





Peaux retournées évoque également le quotidien d'un homme qui travaille - cette fois-ci en open space. Mais cet homme écrit, également, et toute la question est de savoir qui est, entre les deux, celui-là qui est moi  ou comment s'effectue le passage de l'un à l'autre.

Ce texte, comme je le disais, a été conçu dans le cadre des vases communicants, lesquels invitent tous ceux qui le souhaitent à échanger, deux à deux, le contenu de leurs blogs et sites chaque premier vendredi du mois. Née d'une idée de François Bon (Tiers livre) et de Jérôme Denis (Scriptopolis), cette proposition incite, à chaque fois, plusieurs dizaines d'auteurs à aller écrire "chez l'autre", sur internet uniquement, selon un thème qu'ils définissent ensemble et annoncent généralement le jour J. On peut prendre connaissance des textes grâce à Brigitte Célérier, qui établit la liste des échanges, et à la recension mensuelle de Pierre Ménard

Peaux retournées a ainsi été écrit lors d'un échange avec François Bonneau, à partir de deux extraits du recueil poétique de ce dernier, Millimètres

Celui-là qui est moi,
N'est pas toujours interchangeable
Avec.

Te voilà devenu, sans le savoir,
Matière à faire du mieux, 
Toi aussi.


Le thème était le suivant : l'engoncement dans un rôle (dans une fonction professionnelle) - ce que Christophe Grossi nomme "l'autre peau". 
Les participants à l'atelier ont été invités à utiliser le premier extrait du texte de François Bonneau (Celui-là qui est moi...), à le scinder en deux comme le fait Christophe Grossi et à se scinder en deux, eux aussi, pour tenter de (se) décrire ou de créer un personnage de fiction.

*
En toute logique, on trouvera le texte écrit et sonorisé par François Bonneau en duo avec Cécile Charpentier lors de l'échange, Je suis un outil - Je ne brûlerai rien, chez Christophe Grossi.

Celle-là qui est moi...


Celle-là qui est moi qui conduit assez vite, trop vite, pour rejoindre le travail n'est pas toujours interchangeable avec celle-là qui marchait lentement au bord de la mer.

Celle-là qui est moi qui regarde traverser les enfants, les mamans qui portent les enfants sur leur dos et tout ce petit monde se dirigeant vers l'école n'est pas toujours interchangeable avec celle-là qui monte quatre a quatre les escaliers, assez vite, trop vite, pour se diriger vers son bureau.

Celle-là qui est moi qui enlève sa veste verte, son écharpe bleue et pose son sac près d'un bureau n'est pas toujours interchangeable avec celle-là qui songe si ses enfants n'ont pas trop froid, trop chaud avec leurs manteaux bariolés.

Agnès

Celui-là qui est moi...

Celui-là qui est moi , les mains dans le cambouis, pestant contre l'ennui mécanique, vociférant sur cet outil qui n'en finit pas de tomber pour finir par se perdre dans une grille d'égout mal placée, n'est pas toujours interchangeable avec ce doux rêveur, les yeux perdus dans le lointain, giflé par la bruine maritime et goûtant chaque instant le plaisir d'être là, de ne rien attendre d'autre que de disparaître, happé par les éléments.

Celui-là qui est moi, courbé, cassé, meurtri par trop de concessions, de révoltes contenues, d'obstacles dressés comme des paravents, par on ne sait pas qui et surtout pas pourquoi, n'est pas toujours interchangeable avec celui qui suit sa ligne, sa voie, en appelle aux étoiles comme seul guide amical et crie avec dureté son opprobre ou sa gêne.

Celui-là qui est moi, le cœur battant plus que de raison, inquiet aux entournures, se méfiant de la bête, soupçonneux d'un complot fomenté contre lui, retranché dans son antre, prêt à dégainer, n'est pas toujours interchangeable avec l'homme glissant sur des pentes cotonneuses, mêlant son corps à l'eau et buvant à foison avec celles et ceux qui conservent dans leurs yeux une impertinence salutaire, ivres de sens et de mots partagés.

Arnaud

mercredi 26 septembre 2012

Celui-là qui est moi...


Celui là qui est moi, clergie man en soutane
qui écoute se doute,
puis confesse les détresses, les faiblesses
non dites ou proscrites
n’est pas toujours interchangeable avec
le bel homme de la comm,
la peau lisse plein de malice,
poivre et sel et qui hèle
en costard sur le boulevard
ou qui mate, automate
les fidèles infidèles, mais très belles.
Celui là qui est moi,
déambule, affabule
voulant croire dans le noir,
à ses chances, il y pense
s’en enivre pour mieux vivre,
le violet c’est pas laid
et ses joues qui s’empourprent,
ses bajoues en rajoutent,
la bedaine est replète, la calotte pas capote,
insinue,
chapeau pointu,
N’est pas toujours interchangeable avec
ce curé déluré,
discret mais concret,
qui s’ennuie et se fuit toutes les nuits,
loin de l’église,sa promise
une remise pas permise,
insoumise,
imagine et combine
défouloir, chaque soir

Le Chapelin

Celle-là qui est moi...

Celle-là qui est moi
à réfléchir, peser chaque mot, à écrire, choisir une phrase
n'est pas toujours interchangeable avec
celle qui discute et écoute, celle dans la vie qui rit et s'amuse, se moque.

Celle-là qui est moi
à faire attention à ce que je peux dire et ne pas dire
n'est pas toujours interchangeable avec
celle qui chante, court et se met en pyjama.

Celle-là qui est moi
à dire bonjour, comment ça va ? et penser sincèrement ou pas
n'est pas toujours interchangeable avec
celle qui est bien chez elle, sans voir personne que son chat.

Et si je m'amenais pour rire une fois en pyjama avec mon chat à mon travail, est-ce que je serais un peu plus moi ou peut-être un peu moins.

Joëlle

Celle-là qui est moi...

Celle-là qui est moi, s'asseoit sur une chaise, se tient droite, sourit à tous ces visages connus, inconnus et méconnus, n'est pas toujours interchangeable avec celle qui, dans ses moments de doute, dans ses moments d'errance ou d'aisance, selon le temps, selon l'orientation, saute, tourne et tourneboule partout.

Celle-là qui est moi reste calme, posée, réfléchit, clique et reclique, lit et relit, se tourne et se retourne pour toujours sourire à ces visages, n'est pas toujours interchangeable avec celle qui danse sur une musique endiablée, chante à tue-tête des musiques rythmées et crie aussi parfois sa liberté.

Celle-là qui est moi, avec sa courtoisie, sa gentillesse, sa politesse, sa façon d'être en "public", n'est pas toujours interchangeable avec celle qui hurle contre le monde, se bat contre l'hypocrisie et se rebiffe contre les inégalités, parfois vulgairement en se disant "cela fait du bien de se lâcher".

Celle-là qui est moi, souvent frileuse, parfois seule, isolée sur une chaise dans un hall terne, malgré ce passage des visages désormais reconnus pour la plupart, n'est pas interchangeable avec celle qui aime s'entourer d'amis d'enfance, de gens rencontrés sur la route, de lieux animés, insolites ou même délirants et souvent bruyants.

Celle-là qui est moi, que l'on regarde pour sa tenue, sa coiffure, son paraître, son savoir-être n'est pas toujours interchangeable avec celle qui souhaite juste être elle-même, être et non paraître, mesurer 1m57 et non 1m77, être bien dans ses baskets.

Naïs

Celle-là qui est moi...



Celle-là qui est moi, arrivant le matin, bip bip pour m’accueillir, dans ce grand bureau froid, toujours le même rituel, allumer l’ordinateur dont le ventilateur sera mon compagnon de la journée, aller dire bonjour aux collègues, rester papoter des fois, chercher un café pour se mettre en route, partir questionner, vérifier ce qui doit être, animer, former n’est pas toujours interchangeable avec celle qui aime rêver, prendre son temps, voir même glander, rencontrer les autres, participer, faire avancer un projet, profiter du temps donné.

Narelle Imy

mardi 25 septembre 2012

Le CV détourné



















Lors du premier atelier qui s'est tenu au Conseil général, j'ai choisi d'évoquer un livre qui s'inspire, pour mieux s'en abstraire, de cet exercice ô combien codifié qu'est la rédaction d'un CV : Gagner sa vie de  Fabienne Swiatly. Celle-ci explique dans une longue interview donnée à Pascale Arguedas comment lui est venue l'idée de l'écrire. Voici quelques extraits de l'entretien, lus au début de l'atelier :

*

Gagner sa vie, ton premier livre édité en 2006 est un récit autobiographique. Surprenant de débuter par soi. Était-ce nécessaire de passer par la réalité pour franchir le cap de l’édition ?

Effectivement, c’est un livre autobiographique, mais j’avais déjà publié en revue des nouvelles qui n’étaient pas particulièrement autobiographiques, par contre la plupart de mes textes puisent dans un événement ou une expérience de ma vie, ensuite je fais appel à la fiction pour poursuivre l’écriture.

Pour Gagner sa vie, je suis partie de mon parcours professionnel. Comme j’étais au chômage, j’avais besoin de rédiger un CV, mais il prenait forcément de la distance avec la réalité (je magnifiais des expériences plutôt banales, j’enlevais les expériences ratées). Puis, j’ai eu, par plus plaisir, l’envie de rédiger le vrai CV de ma vie : avec les boulots merdiques, le travail au noir, les ratages, etc. En le relisant, j’ai eu le sentiment que certaines de mes expériences racontaient quelque chose de l’époque, de mes origines sociales, de la place des femmes dans la société.
L’écriture permet alors de rendre cette expérience lisible par les autres.
Pour autant, j’ai du mal avec le mot autobiographique, car même si on s’attache à la réalité, il y a forcément un travail de fiction : le temps est plus ramassé, le cadrage entraîne une certaine vision du vécu. La mémoire recompose les souvenirs.

Le travail de l’écriture n’est pas de tout raconter mais de donner une  forme à la complexité. Si dans l’histoire la robe doit être rouge plutôt que bleue, elle sera rouge, je m’en fiche. D’ailleurs je ne crois pas à l’autobiographie — on peut être du côté du pacte autobiographique façon Philippe Lejeune, mais on réinvente sans cesse sa propre vie. Ainsi, je te réponds le plus sincèrement possible, mais il est fort probable que j’ai raconté l’écriture de Gagner sa vie différemment ailleurs.
Annie Ernaux emploi le terme auto-socio-biographique dans le livre L’Écriture comme un couteau et je crois que ma démarche en est assez proche.
La vraie difficulté avec ce livre était de résister à l’anecdote. Ainsi à 18 ans, j’ai travaillé pendant quelques mois dans un bar au Luxembourg — il y venait des agriculteurs et des banquiers. Un drôle d’endroit, perdu dans la campagne. On y buvait beaucoup de champagne dans une odeur de fumier. Cela a mal fini et j’ai été viré par le patron flingue à la main. J’ai décidé de ne pas décrire cette période de travail car c’était trop particulier. Marrant, certes, mais trop loin du quotidien de chacun."

*

Gagner sa vie est donc un récit, écrit au présent et à la première personne, découpé en courts chapitres thématiques, titrés généralement comme suit : Numéro du chapitre. Entreprise. Lieu. Date.
Chaque chapitre correspond à une situation particulière (les études / le tout premier emploi...). Ils sont liés entre eux par une phrase posant la question du travail qui s'arrête, des choix que l'on fait, du passage d'un domaine professionnel à un autre...

Tout au long du livre, l'auteure multiplie les approches : focalisation sur la voix, les mains (et leur maladresse, lors de travaux manuels) ; description du trajet, du lieu (un studio de radio, une salle de réunion...). Elle évoque également plusieurs fois la tenue de travail. Ainsi, page 21, au moment d'entrer pour la première fois dans l'usine où elle vient d'être embauchée, décrit-elle ses supérieurs par ces mots : 

"Vague image d'un homme en costume qui m'accompagne jusqu'au hangar et me confie à une femme dont la voix cherche à faire autorité. Une voix perchée sur des talons hauts."

Un peu plus loin, page 27, la tenue est, une fois encore, mise en avant, suggérant ainsi que la travailleuse a probablement le sentiment d'être réduite à ce qu'elle est censée faire. Cependant, cette fois, celle-ci apparaît, entière, juste après : effacée par le rôle qu'elle doit jouer, peut-être, mais placée au centre de la description. Dès lors, on comprend qu'elle va résister :

"Le velours bleu de la robe est épais, d'excellente qualité, piqué de petites fleurs rouges. Le tablier blanc est parfaitement amidonné et repassé. Dans la robe de velours bleu, dans le tablier blanc, il y a moi, les cheveux retenus par un ruban noir. Moi, en tenue de travail à l'hôtel-restaurant Le Château, sur les hauteurs d'Etretat. Tenue de travail exigée pour accueillir les clients, les accompagner jusqu'à une table, proposer la carte, enregistrer les commandes, servir les plats et remercier une première fois."

En partant du livre de Fabienne Swiatly, j'ai demandé aux participants d'évoquer leurs premières expériences scolaires et/ou professionnelles en insistant sur la tenue qu'ils portaient. Leurs textes figurent dans les articles qui suivent (avis aux participants : il a pu m'arriver de me tromper en tapant les textes, de ne pas reconnaître un nom, ou un mot. N'hésitez pas à me le signaler)

Avant de commencer, j'ai également cité CV Roman de Thierry Beinstingel. Vous trouverez ici le dossier qu'il a consacré à son livre.

1985 – petite ville de Mayenne...


1985 – petite ville de Mayenne construite sur une rivière calme et aérée.
Dans sa périphérie, une usine, grise, surprenante, aux allures de monstre de métal.
A l'intérieur, des gens, tout de blanc vêtus, de la tête au pied ; tenue correcte exigée pour pénétrer les salles de cette fromagerie. J'y viens pour la première fois, comme un baptême du feu,et très vite je comprends que je vais devoir m'accoutrer de la sorte : bonnet blanc, tee-shirt blanc, veste blanche, pantalon blanc et botte blanche. Sans doute une telle blancheur pour mesurer le degré de saleté, l'hygiène à respecter. Des hommes et des femmes s'agitent dans cet espace, manipulent, tournent et retournent les masses jaunes orangées des meules qui glissent sur les tapis roulants.
Peu à peu des taches se forment sur ces peaux blanches : le fromage a frappé.

Arnaud

samedi 22 septembre 2012

Collège, c'est le début...


Collège, c'est le début
Je la sors de son emballage. Elle est encore toute blanche, immaculée. Le tissu est un peu rêche et rigide de n'avoir pas servi.
Voilà, je l'essaie, trop pressée de voir à quoi je vais ressembler dans ce nouvel habit. Les boutonnières sont un peu étroites mais ça va se faire.
Le col est à rabat ; on le laisse pendre.

Lycée, Université
Elle m'est devenue familière et je la trouve sympathique. Je l'ai même un peu décorée. Le blanc immaculé a laissé place à un barbouillage organisé fait au marqueur. Je vais devoir la quitter, son histoire est trop chargée.

1er boulot
Elle redevient blanche et sérieuse. J'en prends grand soin, c'est devenu cet outil indispensable que je dois revêtir chaque matin et quitter à la fin de la journée.
C'est comme une seconde peau.

Les boulots d'après
Elle ne m'appartient plus. Propriété de l'entreprise, elle change de forme et de texture au gré des marchés. Avec ou sans mon nom, elle finit toujours par arriver sur mon dos.

Narelle Imy

vendredi 21 septembre 2012

Loches, juillet 1983...


1) Loches, juillet 1983

Premier vrai travail rémunéré qui va mener ma paire de baskets vers l'usine d'à côté.
J'ai 17 ans et on me demande de me déguiser en bonbon rose dans une blouse de nylon qui m'agresse, m'électrise sous ce hangar où il fait 35 degrés au minimum.
Ambiance elle aussi électrique, néons aveuglants et je sens ces regards courroucés me dévisager, me jauger et me juger, déjà. Une fille de chez les prolos !

2) Tours, juillet 1990

Mes baskets cette fois-ci effleurent une salle de restaurant sur l'autoroute A10.
"Ca ne va aller avec votre tenue !" me lance goguenard le manager.
Je découvre la tenue en question : jupe rouge et chemisier rose….effectivement, certes le ridicule ne tue pas, paraît-il mais pour ma première entrée en salle et mon premier client, dans cette urgence du service, j'ai l'impression que tous les yeux affamés sont rivés sur moi. Quelle entrée en scène !

3) Amboise, juillet 1995

Cette fois-ci, les baskets sont sagement remisées dans mon placard et j'avance sur la scène dans une sage robe noire, genoux tremblants mais le regard fier, micro à la main.
Les premières notes s'envolent vers la lumière et mon âme les suit, sans détour.

4) Aurillac, juillet 2007

Lourdes, lestées de noir, mes chaussures de sécurité m'emmènent vers ce nouveau travail, un autre univers.
Autre ? il invite toutefois au voyage.
Serrer d'autres mains, quelquefois timidement gantées, goûter d'autres couleurs, se laisser bercer par d'autres odeurs.
C'est décidé, ce soir, en arrivant à la maison, je remets mes baskets.


Sabine

mercredi 19 septembre 2012

Entrée à l'école primaire. 1958

Prendre des mesures, debout sur une chaise, un mètre rouleau de couturière, mère et grand-mère affairées.
Mesurer quoi, dans ma petite tête de gamin de 6 ans, évaluer si je suis grand, assez grand pour franchir le cap - sortir du cocon familial et du monde enfantin.
Essayer. Il a fallu plusieurs fois essayer. Enfiler sans la casser la blouse de tissu noir que ma mère avait décidé de confectionner, sans me piquer non plus, elle était montée avec des épingles, surpiquée disaient-elles.
Pincer aux épaules, laisser suffisamment d'espace pour les emmanchures, ajuster les manches et essayer encore. 
Fermer cette blouse, au départ je croyais qu'elle se fermerait devant, mais il m'a fallu accepter qu'elle se boutonnerait à l'arrière, comme les filles - c'était obligé, le patron était comme ça. 
Je n'avais jamais vu un garçon boutonner un vêtement dans son dos, même monsieur le curé avait une soutane fermée d'une multitude de boutons à l'avant.
Accepter, il me fallait accepter, pour être grand, comme les autres, ma mère ne faisait qu'habiller son fils comme les garçons de son âge.
La blouse noire, d'entrée à l'école primaire, que de dilemmes elle a soulevés.
Ma mère a proposé le surpiqué de blanc pour toutes les coutures, aux manches, et j'ai négocié le plastron, un carré en double ligne censé mettre en évidence ma poitrine, en tout cas ma différence avec les filles.
Ainsi la blouse noire à plastron surpiqué de blanc a été le costume de mon passage dans le monde codifié des grands.
Le jour de la rentrée, mes copains avaient des blouses grises, des sarraus bleus, mais pas de blouses noires, mère et grand-mère étaient restées une génération en arrière.

Le Chapelin

Saint-Brieuc - Janvier 2008...

Saint-Brieuc - Janvier 2008

Pull vert, le même que pour l'entretien. Sans doute un jean. Open space quasi vide. Normal, on est le 2 janvier. 

Broons - Août 2004

Bel été. Commencer un 1er août, drôle d'idée. Personne encore. Pas de vêtements type, pas de vêtements uniformes, la liberté enfin.

Lamballe

Tenue de travail surtout passe-partout, jeune et pas trop guindée. Pas de signes extérieurs de "fonctionnarisation".

Paris, vers 1992 ?

Tailleurs obligatoires ? De toute façon je n'en ai pas un seul. Je ne vais quand même pas en acheter un. Ne me vient même pas à l'idée. Tenue correcte exigée. Tenue de secrétaire donc pas de jean ni de baskets. La secrétaire de direction porte des tailleurs, dont la couleur est souvent assortie à ceux de son chien, une sorte de mini-chien qu'elle garde dans son bureau. Coiffure toujours impeccable, les cheveux blonds et légèrement tyrannique (sauf avec son chien). 

Ecole maternelle de Hanches

Pull rayé en acrylique et frange à la Mireille Mathieu. Air super triste sur la photo car je viens d'arriver dans cette école. 

1964

L'année de mes 10 ans.
L'année du grand saut...
J'a dû quitter une première école, mon école de campagne, au pied des monts d'Arrée, pour suivre mes parents à Saint-Brieuc, la grande ville.
La douceur de la rivière qui baigne mes jeux, la profondeur enivrante des forêts, mes aventures dans les champs, les fermes m'habitent tout entière...
Je suis à l'entrée du lycée Renan. Je porte la blouse rose réglementaire. Jusque là tout va bien... mais pourquoi ces regards braqués sur mes chaussettes ? Qu'est-ce qu'elles ont, mes chaussettes ?
C'est maman qui les tricote depuis toujours, elles sont chaudes et confortables, d'accord elles serrent un peu à l'élastique, mais qu'est-ce qu'elles ont ? Pourquoi ça les fait rire les autres ? "Mais d'où elle vient celle-là, t'as vu ses chaussettes ?"
Je viens sûrement d'un autre monde...

Saint-Brieuc, septembre 1998...

Saint-Brieuc, septembre 1998

Les bâtiments ternes, une cour immense, une grille insurmontable m'accueillent.
Petite tenue noire, veste cintrée et coiffure courte, plus pratique d'ailleurs m'a indiquée la coiffeuse ! J'étais, enfin presque, prête à entrer dans l'arène et ce pour deux ans. 
Pas hésitants, presque maladroits, je me suis dirigée vers une salle où se tenaient, ce que l'on appelle encore aujourd'hui, ma "prof" principale et son collègue, d'un brun éclatant, très décontracté. Je me suis dit, c'est gagné...

3 septembre 2001 - Paimpol

Jean, baskets ? Baskets, jeans ? Depuis plusieurs minutes, je me pose cette question ! Ce sera en effet cette tenue confortable, oui mais baskets roses... Pour ce poste, le vrai premier travail auprès de personnes en difficulté, je voulais juste être parmi eux, ni en-dessous ni par dessus et que l'on me reconnaisse par ces baskets, offerts pour l'occasion. Je me disais aussi que cette tenue me permettait d'être à l'aise, au-delà du stress du "premier vrai taf", être "bien dans ses baskets" et, par ce rose si clair et si intense, montrer que je l'étais !

Mars 2012 - Saint-Brieuc

Depuis quelques jours déjà, l'idée de savoir quelle tenue porter pour ce 5 mars 2012 me travaille plus que nécessaire. Pourquoi cette question revient à chaque fois que l'on doit intégrer un nouveau poste, un nouvel environnement, un lieu encore inconnu ? Comment sont mes futures collègues ? Jupes, robes, pantalons ? Chemises, pulls ou vestes ? Moi qui d'habitude ne suit pas la mode, cherche plutôt l'originalité, évite les "tenues conventionnelles", que prend-il soudain, l'angoisse monte ? Est-ce la pression ? Est-ce lié simplement au lieu même où je vais exercer mes futures fonctions ? Après réflexion, je me suis jetée, engouffrée dans mon armoire, cherchant désespérément un appel de tel ou tel vêtement.... Finalement, le jour J, j'avais trouvé ! C'était comme d'habitude, un pin's accroché à ma veste...

Septembre 1981, Plouegat

Cheveux au vent, longs bruns, cette petite fille venue de nulle part, débarque à Plouegat, ville encore inconnue. Des maîtres et maîtresses sourient, des enfants crient, pleurent et surtout m'ignorent, moi qui arrive juste. Cette petite jupe plissée me serre le ventre, comme ces collants trop serrés, trop usés aussi. Ce pull, horrible disait mon frère, me tenait chaud, me réchauffait ce coeur encore un peu froid d'être ici seule dans cette école qui me semblait perdu au fin fond de nulle part. Ce pull m'a assez réchauffée pour que je puisse sourire en fin de journée !

Naïs

Août 1979 - 17 ans 1er job d'été EDF à la Défense à Paris

Dans quel état j'étais plus coincée qu'autre chose : 1 robe droite à rayures, boutonnée devant et surtout des chaussettes, quelle horreur, on voyait mes genoux, il faisait chaud "Pourquoi j'avais mis des chaussettes !!"
Les secrétaires me regardaient, je me demande ce qu'elles pensaient de moi, j'étais mal habillée, j'avais mal choisi mes affaires et je le sentais. Ces regards me mettaient mal à l'aise.
Le lendemain, j'avais gardé ma robe mais posé mes chaussettes. Je ressemblais à une collégiennes. Je me sentais mal dans ma peau.

Odile

En 1980

En 1980, j'ai été reçu par un monsieur qui m'attendait à 8h00 précises. 
Il avait un badge. Allure très stricte. Costume obligatoire à l'entrée de l'agence. 
Habillé d'un blazer et d'un pantalon, j'ai pris mes fonctions (protocole bien établi, rôdé → heures d'ouverture au public). Aucun écart n'était permis. Mes fonctions au guichet de cette entreprise pour recevoir les clients afin d'effectuer les opérations qu'ils m'ont demandées → travail très encadré.

Jean-Claude

Juillet 1976

Juillet 1976

Saison d'été, la meilleure façon de gagner de l'argent étant de travailler, me voilà partie avec ma blouse dans mon sac, on me fournirait le tablier blanc de rigueur dans les maisons bourgeoises.
Tenir l'intérieur de ce style de maisons ainsi que le fonctionnement n'est pas une mince affaire.
La surprise fut que pour servir 2 personnes à table dans la salle à manger, on m'appela à la clochette, je restais étonnée.

Raymonde

De mes tenues de travail...

De mes tenues de travail, je ne me souviens que de la première lorsque je me suis présentée à un entretien de recrutement dans une mairie en banlieue parisienne.
Fresnes résonnait pour moi comme un lieu où seule la prison compte, j'en oubliais qu'il existait une mairie.
C'était l'hiver 1988, je portais un pull orange parsemé de mailles blanches que j'avais acheté en solde la veille.
Un pull chaud, sur un jean, comme pour m'envelopper d'une douceur alors que j'allais vers ce terrain inconnu.

Joëlle

lundi 17 septembre 2012

Le sac, la valise : ce que l'on tient, ce à quoi l'on tient



















Pour le premier atelier au lycée Jean Moulin avec des élèves de seconde qui préparent une formation d'aide à la personne en milieu rural et n'ont donc pour l'instant pas ou peu d'expérience professionnelle, j'ai choisi de m'intéresser au contenu de ce que l'on porte, emporte avec soi. 
Certains des élèves sont internes. Ils ont donc une valise à préparer chaque semaine pour retourner au lycée : qu'y rangent-ils de préférence ? Que "disent" leurs bagages de cette vie pré-professionnelle ? Et que révèle, en miroir, une valise que l'on remplit au moment de partir en vacances, ce que devront décrire, pendant ce temps, les externes ?

Pour leur proposer ces exercices, j'ai eu envie d'évoquer en préambule le court roman de Marie DesplechinLe Sac à main, paru en 2004 aux éditions L'Estuaire. Voici le résumé de l'éditeur : 

Une jeune femme dresse l'inventaire de son sac à main. Un bâton de rouge à lèvres, un paquet de mouchoirs, un agenda, une liste de courses, un préservatif, une boîte d'allumettes... Chaque objet évoque une histoire, des visages, des voyages, des rêves enfouis ; chacun reflète la vérité intime d'une femme en quête d'elle-même.




















En effet (et la couverture du livre de poche le montre bien, un peu trop à mon goût, du reste), c'est en évoquant un à un chaque objet que se révèle la personnalité de Dorothée, l'héroïne et principale narratrice. De petites touches qui permettent de s'attacher à elle et mènent insensiblement à la surprise finale (je n'en dis pas plus !).

Avant de présenter les exercices de l'atelier, voici une interview de l'auteur (qui n'a pas le temps de parler de son livre...) sur le thème du sac : 

Au lycée Jean Moulin : premier atelier

Ce lundi 17 septembre, nous sommes donc parti(e)s du roman de Marie Desplechin (voir ci-dessus) pour commencer à réfléchir à la question de la tenue de travail. Le sac à main est devenu en valise, le travail vacances - pour les externes, du moins. 

J'ai en effet proposé, tout d'abord, de faire l'inventaire du contenu de sa valise selon sa situation, les internes décrivant ce qu'ils apportent au lycée, les externes ce qu'ils prennent avec eux en voyage. J'ai ensuite demandé aux élèves de tirer de cette liste un ou plusieurs objets pour tenter de les décrire, d'expliquer les raisons pour lesquelles ils les emportaient, l'état d'esprit dans lequel ils se trouvaient à ce moment-là.
L'inventaire devait servir de point d'appui, n'était pas destiné à être lu à voix haute. J'en donne cependant quelques extraits ici.

Il y eut par exemple et dans le désordre : 

un Ipod Touch et des réserves de nourriture
3 chaussures un briquet du charbon et plusieurs serviettes
un chargeur de portable un ordinateur une jupe une trousse de toilette
1 combi-pantalon 1 combi-short 2 livres 6 paires de chaussures 1 pull 1 gilet et des sacs à main
un lisseur et un chouchou-pince
jean X 3 tee-shirt X 5 gilet X 2 chaussures X 1
mes devoirs mon roman des bijoux lecteur de DVD
chapeau lunettes de soleil permis de conduire de l'argent médicaments

ou encore du maquillage, des serviettes de bain, des maillots...

A propos de maillot, dont il fut plus d'une fois question, l'une a précisé : Je prends trois maillots pour changer, pour faire joli. Les trois sont différents, la matière, la forme, la couleur. Aucun n'est identique. Je change chaque année.

Tandis qu'un peu plus loin, il était question de chapeau : 
J'ai pris un chapeau pour aller en vacances car le chapeau va protéger ma tête et mon visage et ce chapeau va me permettre de me promener en toute sécurité.

Une autre expliquait : 
Je porte toujours des jeans foncés car j'ai toujours peur de tâcher les jeans clairs.
Disant aussi : 
J'emporte toujours des pulls car j'ai peur d'avoir froid.

Froid qui est revenu dans plusieurs textes, tout comme les accessoires pour cheveux, à propos desquels une  autre élève a écrit qu'elle les mettait dans sa valise :
Car je ne peux point avoir les cheveux détachés cela me dérange.

Si les vêtements ont été, en toute logique, souvent cités dans les listes, certains objets étaient également assez présents. Ainsi, les baladeurs, portables, appareils-photos numériques... 
Un ou une interne a écrit : 
Mon Ipod Touch me sert à écouter de la musique, mon portable à appeler des amis, et de l'argent pour aller acheter à manger à Géant car nous avons faim toute la semaine.

Se protéger, anticiper les gênes, se sentir bien, montrer de soi une belle apparence... les premières descriptions, révélant les premières tenues, en parlent toutes. 
Si ce n'est celle-ci, un peu différente :
le maillot de mon copain = je le prends avec moi chaque semaine, car, la séparation du dimanche est dure.

*

Les élèves ont souhaité, nous a-t-il semblé avec Hugues Rousseau, leur professeur, vouloir durant cette première séance conserver leur anonymat. C'est pourquoi je n'ai fait ici qu'indiquer certaines de leurs phrases, tirées du second exercice. Les prochains articles de ce blog seront peut-être différents.

vendredi 14 septembre 2012

Tenue de ville : éléments bibliographiques

En début de semaine, lors d'une première rencontre, j'ai présenté quelques uns de mes livres aux participants aux ateliers. Voici comme convenu des éléments qui s'y rapportent : 















Tout d'abord, journal de trajet si l'on veut, livre écrit dans le métro aérien à coup sûr, Fenêtres / open space, rythmé par la semaine de travail et deux trajets en sens inverse, l'un en CDI, l'autre en CDD. Ecrit entre 1998 et 2001, il est paru en 2007 aux éditions Le Mot et le reste. J'avais créé un blog qui accompagnait cette sortie. Cinq ans plus tard, ce blog existe toujours et se rapporte maintenant à mon travail en général. Il est ici.
(photo : la ligne 2 entre les stations Jaurès et Stalingrad, à Paris)















Ensuite, Cowboy Junkies, The Trinity session, autre trajet, plus secret celui-là, de train, ayant pour bande-son le deuxième album d'un groupe canadien à la fin des années 80 (sur la photographie : Michael Timmins, guitariste, également auteur et compositeur, lors d'un concert au Divan du Monde à Paris). Livre paru en 2008 aux éditions Le Mot et le reste. Les Cowboy Junkies sont toujours actifs, et très présents sur la Toile.
A noter, au passage : sur le site de Télérama, l'article que François Gorin vient tout juste de consacrer au disque (mieux encore : à la chanson qui traverse le livre, Misguided angel).















Puis, Franck, écrit avant, paru deux ans après chez Stock, en septembre 2010, portrait d'un jeune homme par lieux (ci-dessus, la gare du Nord, dont la place est grande dans le livre). J'ai créé avec l'aide d'amis un site spécifique, Dans la ville haute, dans lequel on peut entendre le texte lu à haute voix en intégralité (ou presque, j'ai bientôt fini) et voir des photographies des lieux cités.















Des Oloé, espaces élastiques où lire où écrire est sorti l'année suivante, en 2011, aux éditions D-Fiction. Il s'agit d'un livre numérique avec liens et photos qui s'attache aux lieux où il est possible de lire et/ou d'écrire (Oloé signifie : Où Lire Où Ecrire) en dehors de chez soi : bancs publics, bibliothèques, salles d'attente, etc.



















Autour de Franck, écrit avec Thierry Beinstingel, est lui aussi paru en 2011, aux éditions publie.net. Numérique, il réunit deux textes que nous avons écrits à partir de Franck, des photographies et le fichier son d'une lecture croisée de nos textes.















Enfin, puisque j'en ai lu un extrait, je signale ici que paraîtra en janvier Décor Lafayette, aux éditions Inculte. Il s'agit d'une fiction dont le grand magasin est à la fois le décor et le personnage principal.

Des informations et des liens sur chacun de ces textes sont disponibles sur le blog que j'ai déjà mentionné au début de cet article : Fenêtres open space. Bonne visite !

vendredi 7 septembre 2012

Plongée, 1er épisode

Les premières rencontres, qui précéderont les ateliers en eux-mêmes, ont lieu la semaine prochaine. En attendant, je lis LE livre consacré à la tenue de travail, que m'a conseillé l'écrivaine et historienne Martine Sonnet :  Le Vêtement de travail, une deuxième peau, de Ginette Francequin (éditions Erès). 


















(cliquez sur la couverture pour vous rendre sur le site de l'éditeur)

ouvrage qui réunit de nombreux témoignages d'hommes et de femmes travaillant dans la fonction publique, à l'hôpital, dans l'hôtellerie, sur des chantiers...
Et voici que dès la page 23, dans un passage consacré au regard des artistes sur le sujet, apparaissent Les glaneuses de Millet, détournées par Banksy ci-dessus : 

"Ce réalisme des photos [qui représentent des travailleurs à la fin du XIXe siècle] retrouvé également dans la littérature sur la condition ouvrière - qu'elle soit d'origine catholique (Félicité de Lamennais, Montalembert), socialiste (Cabet, Louis Blanc, Pierre Leroux, Auguste Blanqui, Saint-Simon, Charles Fourier et Pierre-Joseph Proud'hon) ou intellectuelle (Victor Hugo, Emile Zola) - s'affirme aussi en peinture dans la seconde moitié du XIXe siècle quand Millet peint Le semeur (1851), Les glaneuses (1857), Les planteurs de pommes de terre (1857). Cette peinture qui représente pour l'éternité la classe paysanne est un choc. Degas (1879) poursuit avec Les danseuses, Mademoiselle Lala au cirque Fernando. Quand il expose, en 1884, Les blanchisseuses et Les repasseuses, Zola lui rend hommage en lui disant : "J'ai décrit vos tableaux dans L'Assommoir" ". 

Tour à tour, voilà que j'ai envie de m'éloigner du sujet et de m'en approcher, de poursuivre ma lecture tout en présentant ici quelques oeuvres de Banksy, de revoir Les glaneurs et la glaneuse d'Agnès Varda, de lire les fiches du musée d'Orsay... Dérive, déambulation, bifurcation : se nourrir, prendre ce qui passe, sans nécessairement s'éparpiller, voilà ce que j'aimerais.

Les glaneuses dont l'une devient glandeuse (non, je ne peux résister au jeu de mots, rien à faire !), j'ai tout de suite eu envie de les mettre au premier plan, sur ce blog. Le plasticien britannique Banksy, l'un des plus célèbres artistes de Street Art contemporain, représente d'ailleurs souvent des personnages en tenue et en situation de (non) travail : 














































Tout est dans la tenue, n'est-ce pas, qu'elle soit vêtement ou geste...

Sur les murs de Saint-Brieuc, j'ai également trouvé quelques oeuvres de Street Art. Miss Tic est en effet passée par là : 
































Je glane, moi aussi, en quelque sorte...



Documentaire -Les Glaneurs et la Glaneuse 1/4

jeudi 6 septembre 2012

Un peu de tenue ?

Bienvenue sur ce blog qui regroupera, à partir de la mi-septembre, les textes des participants aux ateliers d'écriture que je mènerai en entreprise à Saint-Brieuc jusqu'à fin octobre sur le thème de la tenue de travail.

Invitée par la Ligue de l'enseignement des Côtes d'Armor (dite, joliment, FOL 22), je m'apprête en effet à animer une série d'ateliers au Conseil général, au lycée professionnel Jean Moulin et à l'ADAPEI dans le cadre d'une résidence qui, par ailleurs, me permet d'habiter pour un temps dans la maison de Louis Guilloux, que voici :













(dans l'escalier)

(ah non, je m'égare, il s'agit de Georges Palante, qu'il prit pour modèle dans Le Sang noir pour composer le personnage de Cripure)

Reprenons. Voici Louis Guilloux, tel qu'on peut le voir sur le site de ses Amis : 


















Il est fort possible que je reparle de lui ici... En attendant, je me propose de retranscrire et de grouper les textes des participants lors des cinq séances prévues (tenue de travail), d'y ajouter des éléments complémentaires en lien avec le sujet (tenue de route), de tenir un petit journal de cette résidence (tenue de plongée) et enfin d'indiquer quelques informations sur mon propre travail (tenue de ville),

Ces catégories seront accessibles grâce aux mots clés indiqués sous chaque article et repris, à leur droite, dans l'encadré appelé Libellés.

A très bientôt,
Anne Savelli